Pour la plupart des mycophiles qui pratiquent la microscopie à fin de
détermination, c’est quasi devenu un réflexe de soumettre des spores mûres à une série de réactifs ou
colorants, qui vont directement orienter vers un genre précis.
Cette chimie va s’attaquer particulièrement à la paroi des spores, et non à son contenu.
La connaissance du type de réaction chimique de la paroi sporique
associée à la reconnaissance de la forme et de l’ornementation sporiques constituent un précieux
tremplin vers une éventuelle détermination spécifique.
Il est important de toujours travailler sur des spores mûres, c'est-à
-dire issues d’une sporée provoquée ou résultant de la sporulation naturelle (on récolte alors les
spores sur le pied, l’anneau éventuel, ou dans l’élément de transport …
ATTENTION ! si vous étudiez des spores, séparez soigneusement vos récoltes dès le départ (les
papillotes en papier alu ou autre, à usage unique, nous paraissent tout indiquées). L’utilisation
répétitive de boîtes rigides nous semble fortement décon-seillée dans ce cas précis, car vous risquez
très vite de retrouver après quelques transports, 3 ou 4 spores différentes dans la même préparation….
Nous vous livrons ci-dessous une série de milieux d’observation, réactifs et (ou) colorants, qui
s’avèrent incontournables pour tenter de poser une détermination du genre et de l’espèce.
l’eau :
il nous paraît impératif de toujours observer des spores d’abord dans l’eau (de préférence
distillée), car elle seule peut nous donner une idée de la couleur de la spore. Si les spores
claires (crème, jaunâtre) sont difficilement reconnaissables, les spores foncées par contre (rose,
brun, violet, noir) sont assez faciles à appréhender.
le bleu coton
lactique : utilisé à chaud, il va mettre en évidence l’éventuelle
cyanophilie de la paroi sporique,
c'est-à-dire sa capacité de se colorer en bleu.
le bleu coton au
lactophénol : le bleu de méthyle (appelé plus couramment bleu coton) au lactophénol
a la particularité de teinter surtout le contenu cellulaire, ce qui en fait un colorant d’usage
général. Néanmoins, il met particulièrement bien en évidence les ornementations des spores chez les
Ascomycètes (chez Scutellinia, par exemple). D’autre part, c’est aussi un réactif microchimique à
proprement parler, en ce sens qu’on peut dire de certaines structures qu’elles sont cyanophiles si elles prennent le bleu de méthyle
avec une intensité spectaculaire, ce qui est relativement courant.
REMARQUE : le bleu de méthylène est un colorant tout à fait différent du bleu de méthyle !
le rouge Congo
ammoniacal : c’est un excellent milieu pour toutes les observations courantes. On
associe, dans ce cas, les qualités regonflantes et ramollissantes de l’ammoniaque, avec le puissant
pouvoir colorant du Rouge Congo, qui colore particulièrement la paroi de la plupart des hyphes
(facilitant ainsi l’observation des boucles) et des cellules, ce qui augmente le contraste et
facilite l’interprétation. Il convient parfaitement lors de la recherche des anses d’anastomose,
qu’il met admirablement en évidence. S’il s’avère très utile pour l’étude des asques, des hyphes,
des basides et des cystides, il nous paraît peu intéressant pour l’étude des spores, sinon pour
ses qualités regonflantes quand on travaille sur des exsiccata.
le Rouge Congo SDS
(Sodium Dodécyl Sulfate) de Clémençon : pour étudier du matériel frais, c’est un
milieu d’observation exceptionnel ; observer du matériel non séché dans du R.C. ammoniacal nous
paraît peu indiqué (avis tout à fait personnel) puisque l’ammoniaque va gonfler des structures qui
ont déjà leur taille normale…
le bleu de crésyl :
les parois de certaines spores vont se colorer en pourpre ou rouge : on parlera
alors deparois métachromatiques (cela
va se rencontrer chez notamment Leucoagaricus, Leucocoprinus et Macrolepiota).
le réactif de Melzer
: (à base d’iode et d’iodure de potassium), Il permet de mettre en évidence le
caractère amyloïde de la paroi en
colorant en bleu (gris bleu, bleu noir) les composés glucidiques de la membrane et (ou) les
ornementations de certaines spores. Cette réaction est semblable à celle qui a lieu en présence
d’amidon, même si les champignons n’en renferment pas.
On parlera de caractère dextrinoïde
lorsque ces mêmes éléments seront colorés en brun rougeâtre. Les dextrines résultent de la
dégradation de sucres plus complexes, proches de l’amidon).
On peut vérifier le caractère amyloïde ou dextrinoïde de manière macroscopique en déposant
simplement une goutte de Melzer directement sur les lames, à condition qu’elles soient bien mûres
: les couleurs mentionnées ci-dessus apparaîtront !