Un mal souvent nécessaire en Mycologie :
LE RAMOLLISSEMENT des exsiccata
Par la force des choses, nous sommes souvent amenés, lors d’études
mycologiques, à étudier du matériel qui a été desséché et qui est conservé en herbier sous forme d’
exsiccata.
Il est en effet indispensable de les attendrir, de les ramollir, et éventuellement de
les regonfler car ils sont beaucoup trop friables pour la confection de coupes, et parfois très loin de
leur forme originale. L’eau et les bases diluées sont déconseillées car le matériel a tendance à s’
affaisser fortement, ce qui le rend inutilisable.
les liquides ramollisseurs permettent le ramollissement et
éventuellement le regonflement du matériel desséché, afin de le rendre interprétable, mesurable et
observable.
Diverses possibilités s’offrent à nous !
Nos préférences vont aux deux produits suivants :
- le liquide de R. DEAN : ses composants principaux sont l’eau
bidistillée et la glycérine
- le liquide (ou ramollisseur) de CLEMENCON (1986) : ses composants
principaux sont l’ammoniaque concentrée, l’éthanol et la glycérine
Après un laps de temps variant de quelques minutes à quelques heures,
lorsque le ramollisseur a agit sur les tissus, les coupes sont réalisables, car on se trouve devant un
matériel qui a perdu sa nature friable et qui a acquis une consistance semblable à celle de la cire
tendre.
Lorsque les coupes sont prêtes (techniques diverses…), il peut s'avérer utile :
d'éliminer l'excédent de glycérine qui a pénétré le
champignon : celle-ci, en effet, atténue les contrastes et donc la visibilité des contours des
cellules. Il suffit pour cela de chasser par une légère pression le liquide de ramollissement puis
d'éponger; ensuite, à plusieurs reprises si nécessaire, laisser tomber sur le prélèvement une
goutte d'eau et « chasser – éponger » à chaque fois.
de regonfler les tissus (sauf si au lieu d'employer les
liquides de ramollissement ci-dessus, on a eu recours directement à des regonflants... tels que l'
ammoniaque, l'hydrate de chloral, etc. ). Cependant, nous ne conseillons pas d’utiliser directement
des regonflants sans ramollisseur car leur action risque d’être trop brutale.
Plusieurs possibilités se présentent pour le regonflage :
la soude et la potasse en solution aqueuse à 5 ou 2%,
utilisées à froid, sont excellentes, mais le matériel doit y séjourner de quelques minutes à 2
jours, selon le résultat recherché : ce laps de temps a pour avantage de faire disparaître le
contenu cellulaire et de faciliter l’étude des parois chitineuses qui nous intéressent.
pour des observations immédiates, nous proposons de regonfler
en quelques secondes à la chaleur (ébullition), entre lame et lamelle, en utilisant un des produits
suivants :
- solution aqueuse sirupeuse d’hydrate de chloral (elle a notre préférence pour sa grande
transparence)
- chloral lactophénol (excellent également)
- lactophénol
- acide lactique
- ammoniaque concentrée
Il est également possible de combiner l’action colorante du rouge
Congo et regonflante de l’ammoniaque, en utilisant le
rouge Congo
ammoniacal. C’est un excellent milieu
pour toutes les observations courantes.
Il a les mêmes qualités regonflantes et ramollissantes que l’
ammoniaque, et a l’avantage supplémentaire de colorer particulièrement la paroi de la plupart des
hyphes (facilitant ainsi l’observation des boucles) et des cellules, ce qui augmente le contraste et
facilite l’interprétation. Il convient parfaitement lors de la recherche des anses d’anastomose, qu’il
met admirablement en évidence.
Les milieux d’observation regonflants, cités ci-dessus, sont placés
selon notre ordre de préférence personnelle.
Lors des coupes, il arrive que les espaces entre les
hyphes soient remplis d’air, et alors les préparations sont difficilement interprétables ; il suffit de poser une goutte d’ammoniaque entre lame porte-objet et lamelle
couvre-objet, et de chauffer jusqu’à ébullition, pour chasser l’air indésirable.