Des colorations spectaculaires :

LES PAROIS CELLULAIRES des tissus végétaux, à structure lignifiée




Cet article est le résultat de notre expérience personnelle complétée par celle de Dominique VOISIN (France).
Nous avons porté notre intérêt vers l’histologie végétale et les tissus ligneux, car le matériel de travail est assez facile à trouver ; nos préférences vont à l’ortie (Urtica dioica L.), la ronce des haies (Rubus sp.), le framboisier (Rubus idaeus L.), la mercuriale vivace (Mercurialis perennis L.), l’herbe aux goutteux (Aegopodium podagraria L.), la consoude officinale (Symphytum officinale L.), au Cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris (L.) Hoffm.), et diverses Ombellifères, au hasard des rencontres….
Ces expérimentations avaient au départ une simple vocation d’exercice, mais les résultats obtenus s’avèrent tellement spectaculaires et encourageants qu’ils nous amènent à poursuivre sur ce chemin et à donner l’envie de partager notre expérience acquise souvent par la méthode des essais et erreurs, source inévitable d’une perte de temps que nous souhaitons vous éviter !
Nous travaillons en coupe radiale (transversale).


Les coupes peuvent être réalisées :


Voici l’ordre idéal des opérations successives à appliquer au matériel choisi ! Certaines étapes pourront être négligées parfois ; d’autres sont impératives sous peine de résultats médiocres et décourageants !

FIXATION (1) INCLUSION (2) COUPE (3) COLORATION (4 - 4a) MONTAGE (5)

Si on réalise des coupes à main levée ou au microtome de Ranvier, sans inclusion, on peut bouleverser l’ordre des opérations, et pratiquer ainsi :

COUPE (3) ECLAIRCISSEMENT (4) FIXATION (1) COLORATION (4a) MONTAGE (5)

Les différentes étapes vont être développées dans l’ordre numérique indiqué dans l’ordre repris dans les tableaux ci-dessus : à vous de les appliquer selon le choix effectué !

1. LA FIXATION

Voir la fiche technique de microscopie qui traite largement ce sujet !
Si nous souhaitons étudier le contenu cellulaire (noyau, cytoplasme), le fixateur simple le plus courant (et sans doute le plus efficace) est le formaldéhyde : il ne contracte pas les tissus mais les durcit fortement ; il acidifie le cytoplasme qui devient basophile et prend donc les colorants avec avidité ...
Dans le cas présent, le contenu cellulaire aura disparu après éclaircissement, donc on peut se tourner simplement vers l’éthanol à 95°, ou même le méthanol (moins coûteux , plus facile à trouver … mais résultats moins bons).
Personnellement, nous utilisons l’alcool formolé acétique ou des fixateurs à base de trinitrophénol (acide picrique), comme le Bouin ou le Hollande.
D. VOISIN : « j'utilise un produit pour désinfecter les aquariums, qui est composé de formol à 4% et de bleu de méthylène ; c'est bien pratique : ça fixe et ça colore en même temps. je remets un volume d'eau et un volume de formol à 4 % au mélange de départ pour obtenir un liquide plus clair et une coloration plus lente, et en 5 - 10 minutes, c'est fait ! »

Etapes successives :
ATTENTION ! le formol est à déconseiller lorsqu’on inclut à la paraffine !


2. L’ INCLUSION

Nous considérons qu’elle n’est pas nécessaire pour des observations ponctuelles où la finesse de coupe n’est pas primordiale. Mais elle facilite nettement la précision de coupe avec les microtomes à main.
Si on souhaite débiter des coupes en série, l’inclusion est indispensable ! Elle sera réalisée à la paraffine (solvant : le xylol ou xylène) ou avec des matériaux « plastiques » comme le PVA (Alcool PolyVinylique) ou le polyéthylène glycol, solubles à l’eau.
Voir la fiche technique du PVA à ce sujet ; pour la paraffine, consulter le Précis de microscopie » de LANGERON ou le « Manuel de microscopie » de LOCQUIN & LANGERON.
Les pièces à inclure seront toujours de petite taille (quelques millimètres).
On utilisera des petits moules d’1 à 2 cm³, comme un dé à coudre ou l’équivalent.



3. LA COUPE

Nous ne parlerons pas ici des microtomes professionnels pour les raisons invoquées ci-dessus.
Elle constitue une étape essentielle du travail, car d’elle va dépendre la qualité des observations futures : plus la coupe est fine, plus nette sera l’observation ! Le matériel de coupe (rasoir ou lame) doit être aiguisé au cuir avant chaque séance.
Placer sur la lame et sur l’objet à trancher, une goutte d’eau alcoolisée qui évitera à la coupe de s’enrouler ou de se tasser.
Pour manipuler les coupes, utiliser un pinceau ou une aiguille : pas de pinces qui vont lacérer les tissus ! Bien sécher le matériel après chaque usage !



4. L’ ECLAIRCISSEMENT

Il est impératif d’éclaircir les coupes non collées, lorsqu’elles sont destinées à l’étude des parois cellulosiques (ce qui nous intéresse dans le cas présent). Il est indispensable de vider les cellules de leur contenu cytoplasmique pour ne garder que le squelette cellulosique des tissus. Nous utiliserons à cet effet l’hypochlorite de soude (Na), préférable à l’eau de Javel, trop impure.
Etapes successives : On peut également travailler sur des exsiccata, mais alors, il faut travailler à chaud, sans laisser bouillir (70° maximum).



4a. LA COLORATION

1/ double coloration : Bleu de méthylène + carmin aluné
Préconisée par D. VOISIN, après le formol au bleu de méthylène : « je passe au carmin aluné. J'ai un liquide très concentré que j'ai dilué pour obtenir un mélange dont la densité est comparable au vin rouge, ceci pour avoir une coloration progressive et sans zone ; les coupes y séjournent entre ½ h et 1 heure, le carmin se fixant beaucoup plus lentement que le bleu de méthylène. » … « en cas de surcoloration de l'un ou l'autre des colorants, un passage dans le DAKIN dilué permet de récupérer une densité de couleur plus agréable ; diluer à 1 + 4 ou 5 et bien surveiller : il ne se passe rien pendant les deux premières minutes et après ça va très vite ! Pour stopper l'effet du DAKIN prévoir un bain d'eau additionné de vinaigre blanc (10 parts d’ eau pour 1 part de vinaigre)."


2/ double coloration : Vert d’iode + carmin aluné
Un grand classique !

Etapes successives :
Les éléments ligneux sont remarquablement colorés en vert, et le reste est rouge carmin, avec un excellent contraste et une préparation spectaculaire.


3/ double coloration : Rouge de ruthénium + bleu de méthylène aluné
Elle fournit également des préparations exceptionnellement colorées.
Etapes successives :
Les éléments lignifiés sont colorés en bleu, le sclérenchyme est violet, le liège est vert et le parenchyme affiche des variations de rose.



5. LE MONTAGE

Par montage, nous entendons l’idée de montage permanent, c'est-à-dire de préparations didactiques à durée de conservation la plus longue possible.

Deux possibilités s’offrent à nous :

montage en milieu hygrophile (glycérine gélatinée, PVA, polyéthylène glycol)
AVANTAGES :
INCONVENIENTS :
montage en milieu non hygrophile (Baume du Canada)
AVANTAGES :
INCONVENIENTS :
Etapes successives pour la glycérine gélatinée :
Etapes successives pour le Baume du Canada :